Plus de 30 enfants iraniens tués par Israël : pourquoi leurs vies valent-elles moins que les autres ?
Je vous écris le cœur brisé. Ma ville natale Mashhad, comme Téhéran et tant d'autres villes iraniennes, subit des bombardements israéliens. Pourtant, les médias gardent un silence assourdissant.
Je vous écris aujourd'hui le cœur lourd, depuis mon exil parisien, alors que ma patrie, l'Iran, subit depuis plusieurs jours des bombardements israéliens d'une violence inouïe. Au moins 138 personnes civiles ont été tuées selon les autorités iraniennes, dont plus de 30 enfants. Ces chiffres me glacent le sang, d'autant plus qu'ils ne cessent d'augmenter. Pourtant, tout ce qui importe pour nos médias c’est quelques têtes militaires tombées du régime.
Une tragédie qui touche tout le pays
Téhéran a été particulièrement frappée. Mais ce n’est pas seulement la capitale qui souffre. Mashhad, ma ville natale, a également été visée, tout comme Ispahan, Tabriz, Shiraz, Ghazvin et Kermanshah. L'aviation israélienne a même frappé l'aéroport de Mashhad, dans ce qu'elle qualifie de "l'opération la plus longue portée" depuis le début de sa campagne.
Hier soir, j'ai parlé avec mon frère jumeau resté au pays. Il m'a raconté comment il avait été réveillé par le bruit assourdissant des bombardements. Cette conversation m'a bouleversé. En tant qu'ancien prisonnier politique en Iran, mon engagement contre le régime et pour la démocratie n'a jamais fait de doute, mais entendre la terreur dans la voix de mon frère m'a rappelé que derrière les enjeux géopolitiques, il y a des vies humaines.
Le silence assourdissant des médias occidentaux
Ce qui me met profondément en colère, c'est le silence quasi-total des médias occidentaux sur ces victimes civiles. Comme si la vie des enfants iraniens n'avait aucune valeur. Cette indifférence n'est malheureusement pas nouvelle - nous l'avons déjà vue à Gaza, au Yémen, au Liban. Mais elle n'en reste pas moins révoltante.
Parmi les victimes se trouvent de nombreuses jeunes femmes, dont Parnia Abbassi, une jeune poétesse prometteuse, et Zahra Shams, une activiste du mouvement "Femme, Vie, Liberté". L'hypocrisie de ceux qui se proclament défenseurs des droits des femmes et de la démocratie en Iran éclate au grand jour. Où sont-ils maintenant que ces jeunes femmes courageuses perdent la vie sous les bombes ?
Des civils pris pour cibles
Israël justifie son agression en prétendant viser uniquement les installations militaires et nucléaires iraniennes. Pourtant, les images qui nous parviennent d'Iran racontent une tout autre histoire. Les quartiers résidentiels de Téhéran ont été frappés. L'attaque sur la place Quds à Tajrish s'est produite à seulement 50 mètres de l'hôpital Shohada, un établissement médical majeur du nord de Téhéran.
Je suis choqué de voir comment les médias français font comme si de rien n'était, ignorant délibérément ces victimes civiles.
Netanyahou veut saboter la diplomatie à tout prix
Les tensions entre Israël et l'Iran ont atteint un niveau d'escalade sans précédent depuis vendredi 13 juin, lorsqu'Israël a lancé l'opération "Réveil du Lion" contre l’Iran. Cette offensive israélienne de grande ampleur a visé des centaines de sites militaires et nucléaires iraniens, notamment le centre d'enrichissement d'uranium de Natanz et une usine de conversion d'uranium à Ispahan. Les bombardements ont touché non seulement Téhéran mais aussi plusieurs autres villes iraniennes, causant au moins 128 morts selon les autorités iraniennes, dont 40 femmes et de nombreux enfants. L'Iran a riposté par des salves de missiles et de drones visant le territoire israélien, faisant au moins 13 morts côté israélien selon Benjamin Netanyahou.
Cette escalade militaire survient à la veille des négociations prévues entre l'Iran et les États-Unis sur le programme nucléaire iranien, qui devaient se tenir dimanche 15 juin à Mascate sous médiation omanaise. En conséquence, ces pourparlers ont été annulés. L’Iran accuse Israël de chercher délibérément à "faire dérailler les négociations" et à "saper la diplomatie". Cette offensive israélienne, menée malgré les appels de Trump à la retenue, confirme la volonté de Netanyahou de saboter toute solution diplomatique et d'entraîner la région dans une guerre généralisée pour préserver son pouvoir politique.
Une violation flagrante du droit international
Emmanuel Macron a immédiatement exprimé son soutien à l’agression israélienne. Cependant, cette attaque contre les installations nucléaires iraniennes constitue une violation manifeste de la résolution 487 du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée à l'unanimité suite à l'attaque israélienne de 1981 contre le réacteur Osirak en Irak. L'article 2 de cette résolution demande explicitement à Israël de s'abstenir à l'avenir de tels actes ou menaces, soulignant l'illégalité des attaques militaires préventives contre les installations nucléaires protégées par le droit international.
De plus, Israël continue de violer l'article 5 de cette même résolution, qui exige qu'Israël place sans délai ses installations nucléaires sous la surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique6. La communauté internationale doit condamner explicitement les violations continues d'Israël envers la résolution 487 du Conseil de sécurité et prendre des mesures concrètes pour contraindre ce régime à appliquer pleinement ses dispositions.
La solidarité du peuple iranien
Au milieu de cette tragédie, une lueur d'espoir m'émeut profondément : la solidarité extraordinaire du peuple iranien. J'ai vu sur les réseaux sociaux de nombreux messages d'Iraniens vivant dans des villes encore épargnées par les bombardements, qui proposent spontanément leurs maisons pour accueillir les habitants des zones touchées. Cette générosité, cette humanité face à l'adversité, me rappelle pourquoi je continue à croire en mon peuple, malgré tout ce qu'il endure.
En ces heures sombres, je pense à tous ces innocents qui paient le prix de conflits qui les dépassent. Leur sang ne doit pas couler dans l'indifférence